Comment devient-on biographe ? C’est souvent la première question que l’on me pose ! Ce métier interroge, intrigue. 12 millions de Français rêvent d’écrire un livre. 1 sur 4 souhaite écrire une histoire, ou un album de souvenirs. Et pourtant, seulement 5 % d’entre eux se lancent dans l’écriture d’un roman, d’une autobiographie… Les biographes sont des professionnels qui racontent la vie des autres. Ils ont souvent prêté leur plume à des personnalités célèbres, avant de devenir accessibles au commun des mortels. 

 

Biographe, un métier qui plonge ses racines dans l’enfance

Je crois que l’envie de devenir biographe est née un été en Alsace. C’est dans cette région de France que je puise une partie de mes racines. Chaque année, le décor alsacien me ressource et me réjouit ! Et si vous connaissiez cette belle bâtisse, un peu décrépie certes (elle est centenaire), vous succomberiez à votre tour !

Cette maison est intimement liée à ma grande tante qui fut, elle aussi, centenaire. À celle qui avait traversé deux guerres mondiales ainsi que les ravages de l’annexion de l’Alsace, on demandait souvent de raconter ses souvenirs issus d’un autre temps. L’un de ses neveux a alors entrepris de mettre par écrit son destin hors du commun. Pour l’adolescente que j’étais, c’était une lucarne ouverte sur la grande Histoire conjuguée à notre saga familiale. Anecdotes de la vie quotidienne, épopées incroyables, deuils inconsolables…

Ce récit ressemble sans doute à celui de nombreuses familles. Au vôtre. S’il est si précieux à mes yeux, c’est qu’il parle de ceux que j’ai connus et aimés. Et de mes racines.

La première fois que j’ai lu ce manuscrit, je me suis dit que c’était une chance incroyable de l’avoir. Et puis, un jour, j’ai réalisé que c’était un métier. Qu’il y avait des gens qui avaient la chance d’écrire la vie des autres pour qu’elle soit transmise à leur famille ! Quel métier formidable ! J’adorerais faire ça ! Et puis, j’ai suivi une autre voie. En apparence seulement ! Car sur les bancs des classes d’Hypokhâgne et de Khâgne, puis sur ceux de la fac de Lettres, n’étais-je pas déjà sur ce chemin ?

 
Devenir biographe, récit d’une conversion

Quand j’ai choisi ce métier après 15 années dans la communication, il était évident pour moi que je devais l’apprendre. J’ai donc suivi la formation au métier de biographe de l’Université Lyon 2 pendant une année. J’ai aussi lu avec intérêt et attention l’ouvrage de Guillaume Moingeon. C’est à lui que nous devons la résurgence de ce métier, et en tout cas, la possibilité offerte à tous, d’écrire le livre de sa vie. Quand on parle de biographie, on pense souvent à celles des gens illustres. Pourtant, c’est bien la vôtre qui touchera vos proches. En tout cas, c’est celles que j’aime écrire pour vous !

 

Lors de cette année de formation, j’ai eu la chance de pouvoir m’exercer à ce nouveau métier de biographe. Mon premier narrateur était un homme jeune avec plein de projets fous en tête, comme celui de se rendre dans les pays nordiques pour étudier les aurores boréales. Ma deuxième narratrice, Agnès, était une grand-mère discrète et peu bavarde. Elle n’aurait jamais pris la plume pour écrire son autobiographie ! Mais en quelques séances, je suis arrivée à lui faire raconter de beaux souvenirs. Elle raconte dans son livre le jour où les Allemands ont envahi son petit village du nord de la France. Oui, c’est bien elle qui raconte ! Car même si c’est le biographe qui tient la plume, il écrit comme si le narrateur écrivait sa propre histoire. C’est une particularité du métier : s’effacer devant le style, les mots, la manière de parler de l’autre. 

 

Rédiger une biographie : le temps des souvenirs

Écrire ses mémoires est une aventure qui prend du temps. Il y a certes le temps du récit et celui de l’écriture, le temps de la mise en page puis de l’impression, avant celui, parfois, de la publication. Mais il ne faut pas négliger le temps des souvenirs. Quand une personne raconte sa vie pour laisser une trace de sa vie à ses petits-enfants, elle remonte le fil de sa mémoire. Et les souvenirs ont souvent besoin de temps pour revenir à la surface. C’est pour cela que j’aime ce temps long. Entre deux séances, le narrateur note dans un carnet les images qui lui reviennent et qu’il faudra intégrer dans ce long projet d’écriture. Certains souvenirs douloureux prennent plus de temps à se transformer en mots… Acceptons-le ! Devenir biographe, c’est aussi une manière d’être à contre-courant de notre modernité qui va toujours de plus en plus vite… Transmettre son histoire, c’est arrêter cette course folle pour se concentrer sur l’essentiel.

Pour en savoir plus sur l’écriture d’une biographie, c’est par là !

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